Zo7ven, vers les abysses – interview
Le 2 juin dernier, Zo7ven débarquait dans le rap français avec l’excellent « Vue sur le monde », un projet introspectif accompagné de très bonnes productions. Encore peu connu du public a l’heure actuelle, le rappeur parisien semble cependant promis à un bel avenir.
L’occasion n’était que trop belle, ainsi nous avons donc décidé de le contacter pour lui poser quelques questions…
Actu² : Bonjour Zo7ven, pour commencer, depuis quand fais tu de la musique, et qu’est ce qui t’as motivé / t’as donné le courage de sortir un premier projet ?
Zo7ven : « J’ai commencé la musique à onze ans. J’ai faits sept ans de guitare, mais j’ai écrit mes premiers textes en 2019. J’ai enregistré des centaines de morceaux dans l’ombre sur mon iPhone 5, et après avoir fait écouter à mes proches qui m’ont encouragés, je suis parti en studio pour la première fois en mars 2022 pour enregistrer un premier son qui n’est pas sur le projet. »
A : Ah oui ! On a donc pas du tout affaire a un débutant. Quelles ont été tes inspirations dans la création de ton EP ?
Z : « Je m’inspire de ce que j’écoute beaucoup, donc je dirais SCH qui est un de mes rappeurs préféré. Il y a aussi Dave que j’ai énormément écouté ces dernières années ainsi qui Deen Burbigo et Damso, qui m’influencent beaucoup dans la recherche de phases plus percutantes et de nouveaux flows. »
A : Intéressant. C’est plutôt varié comme inspirations. Ce qui est frappant sur ton EP, c’est la qualité des prods, du mix, de la cover, tout ce qui il y a autour de ta perf, c’est assez pro pour un premier projet. D’autant plus que je crois que tu es totalement en indé. Alors, est-ce que tu fais tout ça tout seul, ou est-ce que tu as déjà une équipe pour le faire ?
Z : « Alors effectivement, je suis totalement en indé donc tout est plus dur, mais j’ai effectivement une équipe. J’ai rencontré Soum un beatmaker, au travail, et c’est le premier qui a cru en moi. On a commencé à faire de la musique ensemble et directement, j’ai écrit la tracklist du projet sur lequel il a produit trois des huit titres. Par la suite il m’a fait rencontrer Romsko qui fait maintenant partie de mon équipe et qui a produit deux titres du projet. Pour le master c’est DNG un mec hyper fort qui me l’a fait et que je connaissais grâce à un pote. Quant à la cover c’est Lunartic, un génie, qui l’a réalisée. Je l’avais rencontré sur les réseaux. Donc j’ai pas fais le projet tout seul, je me suis entouré de plein de personnes hyper compétentes dans leur domaine et je suis super fier du résultat. Mais faire de la musique en indé ça coûte très cher et surtout tout prend plus de temps. Au final pour mettre en place tout ça, de la première session studio du projet à la sortie du premier clip, il y a eu un an de travail complet. »
A : Oui, on sent que tu as pris le temps de faire un truc très propre dès ta première proposition, d’ailleurs c’est quelque chose qui se fait de plus en plus aujourd’hui, là où avant les rappeurs passaient par des open mic, des freestyles, sortaient des premiers projets très amateurs, j’ai l’impression qu’aujourd’hui il y a la volonté d’arriver dans le milieu avec quelque chose de structuré.
Z : « Oui, il y a clairement un virage a 180 degrés à ce niveau là, c’est plus la même époque. Aujourd’hui avec les réseaux sociaux, je pense que plein de mecs se disent qu’ils ont pas besoin de faire leurs classes dans la rue et qu’ils peuvent directement aller au studio. Pour ma part j’ai fais des open mic et des freestyles, je suis pas allé au studio comme ça, mais je sens que dans le milieu très peu de nouveaux le font encore. Tout est super professionnel, c’est impressionnant comment certains arrivent avec une DA structurée comme si ils avaient dix ans de carrière déjà, et c’est cool ça fait avancer le mouvement , même si selon moi on en perd un peu l’essence du rap, qui n’est pas d’être un rappeur studio avec plein d’artifices, mais simplement poser avec une instru dans la rue. »
A : Tu dis que tu as fait de la guitare, c’est toi qui a fait le solo sur Demain dès L’aube ?
Z : « Non pas du tout, c’est mon professeur de guitare justement Malik Ati, qui est guitariste professionnel et qui a produit tout le morceau. C’est le premier que j’ai écris, en tout on a travaillé 4 mois juste sur ce morceau et je suis super fier du résultat, je trouve que c’est le plus abouti musicalement, même si c’est celui qui a fait le moins de stats. Mais ça je m’en fous, je suis fier d’avoir ce morceau là dans le projet, il est super important pour moi. »
A : C’est génial d’avoir des musiciens « à l’ancienne » dans l’équipe. Ça peut être une vraie force a l’avenir.
Z : « Oui, il a 45 ans donc ce n’est pas la même génération ni la même vision de la musique mais c’est ça qui est intéressant, de toujours garder un côté organique qui n’est pas fait par FL studio mais par un vrai musicien »
A : Totalement d’accord, les collaborations avec les musiciens c’est presque toujours des réussites dans le rap. Pour ce qui est de la suite, est-ce que vous vous êtes déjà projeté sur l’avenir ? Éventuellement parler de refaire des projets avec la même équipe ? Ou tu préfères évoluer de ton côté et essayer de travailler avec d’autres beatmakers, ingés son… ?
Z : « Alors oui je travaille déjà sur le deuxième projet en ce moment, et ce sera avec la même équipe. Il y aura juste un nouveau beatmaker qui s’appelle DESA. Il a co-produit mon dernier single ANDREA DORIA avec Soum, qui produira aussi dans le projet. Il y a aussi un Freestyle de dix minutes sur cinq prods différentes qui arrive en septembre/octobre, avant le projet, pour revenir aux bases. J’aimerais travailler avec plein de nouvelles personnes, mais je démarche encore trop peu sur les réseaux. Tous les mecs avec qui je travaille je les ai rencontré dans la vrai vie, donc il faudrait que j’ose demander plus souvent sur les réseaux je pense. »
(NDLR: Nous sommes entrain de créer un réseau pour palier à ce problème, contactez nous si intéressés)
A : Arrives-tu à identifier des défauts/difficultés à corriger pour de futurs projets ?
Z : Oui ! Il faudrait varier les flow, les schémas de rimes, progresser sur les mélodies, m’essayer a de nouvelles prods, de nouveaux styles, tout en gardant mon ADN. J’ai énormément d’axes de progression, notamment mon écriture qui est bonne mais je sais que je pourrais écrire encore mieux. Donc voilà les objectifs du prochain projet. Ça fait seulement deux mois que je suis officiellement dans la musique, donc je prend mon temps c’est pas pressé. Je serais accomplit d’ici quatre ou cinq ans je pense, je n’oublie pas que je n’ai que 18 heures de studio dans ma vie seulement. C’est pour l’instant trop peu pour développer toutes ces qualités.
A : Tu décris ton EP comme un voyage des abysses vers la lumière, est-ce que ça veut dire qu’on peut s’attendre à quelque chose de plus lumineux pour le prochain projet ?
Z : « Mon ADN c’est le côté sombre, il y aura toujours un dilemme entre les deux, c’est un peu ma DA. Tout mes projets seront au fond un voyage entre les côtés sombres et lumineux. C’est ce qu’on a voulu montrer dans le clip avec les deux personnages, un sombre et un lumineux qui se font face. On va continuer dans cette direction mais je veux revenir avec un côté plus rap, plus kické, un truc où tu prends une claque à la première écoute aussi bien au niveau de l’instru que des paroles. J’ai beaucoup plus d’ambition. Le prochain projet sera plus court, on part sur un quatre titres, mais il faut que ça soit quatre gros titres qui montrent qu’on est pas là pour faire de la figuration. Un truc à la SCH, comme Anarchie ou John Lennon dans l’intro, il faut vraiment que ça soit cinématographique et que ça envoie du feu directement. Je me met une pression donc normalement je ne décevrai pas, je veux vraiment que mes intro et outro soient incroyables. »
A : Merci d’avoir répondu à nos questions, honnêtement, au delà du potentiel que tu as, la proposition est déjà super aboutie, on a hâte d’entendre la suite.
Z : « Merci beaucoup, j’espère que la suite vous plaira, il y a déjà le nouveau single qui est sorti il y a une semaine pour amorcer la transition. Ça change de ce que je fais, mais c’était pour l’été. A la rentrée, je reviens avec un freestyle, c’est ce que je sais faire de mieux, et au niveau des prods ou de l’écriture on a fait du sale donc ça va vraiment rapper fort. »
Merci à Zo7ven d’avoir répondu à nos questions, et soyez prêt pour la suite, ça s’annonce être incroyable…