Après le futur, Fantôme avec chauffeur et Vous êtes pas content ? Triplé ! Benjamin Epps a fait son retour en grande pompe, début avril 2023 avec son premier album : La grande désillusion.

Album que l’on pourrait qualifier de baptême du feu et qui s’annonce être une franche réussite.

La réputation de Benjamin Epps n’est plus à faire dans le paysage rap, suite à trois Ep sortis entre 2020 et 2022 et un BET award remporté dans la catégorie flow international, le Gabonais nous livre un album avec des sonorités très douces piochant à la fois dans le boombap, le lo-fi mais aussi la trap.

Durant tout le projet nous retrouvons un poème récité par Eppsito lui même commençant par « la situation nous échappe » cela n’est pas sans rappeler K-Dot et son fameux « remember you was conflicted » sur To Pimp A Butterfly. Cette référence n’est pas anodine aux vues des sujets abordés dans l’album comme la pauvreté des quartiers gabonais dans lesquels à grandis Benjamin Epps ainsi que la criminalité et la répression subie dans bienvenue à B’hell vue

En réalité les morceaux de La grande désillusion contiennent tous un thème différent mais relié par un seul et même fil rouge: ce poème. La pression nous narre la difficulté et la nécessité de faire de l’argent, Vivre quand à lui rend hommage aux amis disparus de Benjamin et au deuil que cela engendre tandis que très tard le soir en feat avec Josman expose les regrets et les doutes qui rongent le Pips.

Les références se multiplient à foison tout au long du projet, notamment cinématographiques (Tenet, Ben Affleck), footballistiques (Sadio Mané, Adrien Rabiot) mais aussi culturelles avec capitaine Flamm (dessin animé des années 70) et Mythologique avec Venus et Brennus.

Au niveau des featurings Benjamin Epps nous livre un casting 5 étoiles avec Enchantée Julia et son miel pour les oreilles sur l’intro, Style P (Légende du rap US ayant collaboré avec Notorious B.I.G, Marie J.Blige et Akon) respecte totalement son invitation sur un banger épique à s’en détacher la nuque. MC Solaar glisse sur une prod Lo-Fi sur Libre, Josman kick avec prestance sur très tard le soir, Angélique Kidjo (Chanteuse franco-béninoise  lauréate d’un Grammy) nous offre une performance vocal rappelant le premier album solo de Kery James tandis que Lino n’a pas perdu une once de sa technique sur intellectuelle violence

Pour conclure La grande désilusion c’est une confirmation pour Benjamin Epps qui semble s’émanciper de cette image de « Westside Gunn français » lui ayant été attribué de par sa voix et ses prods similaires avec un album sincère, touchant sans tomber dans le larmoyant avec sa dose de banger tout de même. Tout cela sur des prods de très bonne facture (quoique assez répétitive sur certains morceaux), son écriture quand à elle reste toujours impactante avec des punchlines et des références qui font mouche.

On espère que du bon pour la suite de la carrière de Benjamin Epps qui s’annonce très bien lancé

écrit par Margoul